28 Juillet 2016
Le subconscient est un sujet fascinant. Comme vous le savez sans doute, nous n'utilisons en réalité qu'une infime partie de notre cerveau, la grande majorité des choses que nous avons en tête nous sont inaccessibles. Le subconscient en fait partie, c'est un système entièrement automatisé qui enregistre le moindre de nos souvenirs depuis la naissance et même, paraît-il, depuis le ventre de notre mère. Évidemment, cela semble un peu abstrait car nous ne disposons pas consciemment de ces données, et nous peinons parfois même à nous rappeler de détails beaucoup plus récents de notre vie. On distingue même des capacités différentes de mémorisation d'un individu à l'autre, comme si le fait de se souvenir ne pouvait être qu'une action consciente. Pourtant, de très nombreuses expériences scientifiques ont mis en évidence l'existence et le fonctionnement de cette incroyable "machine de l'esprit", sans pour autant en comprendre tous les mécanismes.
J'ai reçu hier un message très attentionné et gentil, de la part d'une jeune femme qui m'invitait à reconsidérer le titre de ce blog. Elle m'a dit que j'étais - je cite - "plein d'autres choses que gros" et m'a encouragé à redéfinir la façon dont je me décrivais. Cette remarque m'a fait sourire parce que, si j'en comprends la portée bienveillante, le fait d'écrire JE SUIS GROS est pour moi une façon de dédramatiser le sujet. Aujourd'hui, le fardeau n'est plus de reconnaître mon obésité, mais de la porter. Et entre nous, tant mieux, parce que de toute façon elle se voit très bien.
Si j'ai reçu ce message, c'est parce qu'on est tous conscients, à des degrés différents, du pouvoir de la perception sur notre mental. Le subconscient accumule d'ailleurs toutes les données perçues par nos 5 sens et ce, pendant toute notre vie. En revanche, il ne sait pas les trier. Il ne comprend pas la négation, il ne retient que les mots et leur signification la plus évidente pour l'esprit humain. "Je ne suis pas gros" aura le même effet sur lui que "je suis gros", c'est pourquoi les thérapeutes qui travaillent sur le sujet font largement plus attention à leur vocabulaire qu'à la tournure de leurs phrases.
Même si sa puissance de calcul dépasse de loin l'entendement humain, il est important de comprendre que le subconscient accepte indifféremment toute suggestion ou information. Il croit tout ce qu'il "voit", accepte toutes les idées et les amplifie formidablement. À l'origine de chacune de nos actions, consciente ou non-consciente, il y a une simple idée enregistrée par notre subconscient. C'est pour cela que l'on invite souvent les gens mal dans leur peau à travailler leur monologue intérieur, en cultivant des pensées positives à leur propre égard, plutôt que le traditionnel et spontané dégoût de leur corps.
Sachant cela, pourquoi avoir choisi un titre pareil pour mon blog ?
La cultivation de l'amour de soi est, à mes yeux, une méthode très saine pour aller mieux, mais son application doit être maîtrisée dans les limites de l'honnêteté. La bienséance, c'est cool, mais l'hypocrisie, même bienveillante, fait parfois bien plus mal que la critique. Reconnaître les qualités, oui, nier les défauts : NON. Il est, par exemple, très dur de vivre en sachant que notre partenaire connaît nos défauts mais fait semblant de ne pas les voir. Cela suscite une douloureuse incompréhension et un sentiment de solitude terrible. Les gros savent très bien qu'ils le sont, alors arrêtons un peu les tabous, soyons courageux et aidons-nous mutuellement ! Parce qu'un couple ne sera de toute façon jamais fondamentalement heureux si l'un des deux vit une forme de censure de sa souffrance.
Ça ne veut pas dire qu'il faut pour autant être d'une honnêteté glaciale sur tous les sujets, tout n'est qu'une histoire de juste milieu, de sens commun et de confiance : ne pas dire tout ce qu'on pense, mais faire en sorte de penser tout ce qu'on dit. Je n'ai pas envie qu'on me dise que je ne suis pas gros parce que c'est un mensonge, mais je suis heureux que ma petite amie me trouve à son goût malgré mes imperfections. Tout n'est que nuances.
Donner un titre pareil à ce blog est donc pour moi, plus qu'une revanche contre mon passé, une immense victoire. Parce que ce mot - GROS- ainsi que bien d'autres, m'a persécuté depuis ma plus tendre enfance. J'ai évidemment souffert des quolibets, comme toute personne en surpoids, mais c'est ainsi que j'ai fait l'expérience fascinante de la puissance de mon subconscient. J'ai constaté qu'à l'âge adulte, il m'arrivait encore ponctuellement de souffrir des moqueries de ma lointaine enfance. Ça m'a poussé à réfléchir. Aujourd'hui, je m'approprie ce mot, je le banalise, je m'en moque comme on se moque, petit, du monstre sous le lit. Le rire est une ressource inépuisable dans le combat contre les complexes. Il peut lutter contre presque tous les maux du monde.
J'ai décidé de prendre le taureau par les cornes et de m'en amuser un peu. Certes, mon subconscient l'enregistre aussi chaque fois que le l'écris, mais n'oublions pas que c'est nous qui le programmons ! Les mots qui nous sont pénibles ne le sont que parce que nous les avons laissés nous atteindre. Quelqu'un de mince n'aura pas passé sa vie à faire du mot "gros" une notion pénible, il ne l'aura pas associé à des émotions négatives ou des souvenirs douloureux. Gros n'est pas un terme péjoratif en soi pour l'intellect humain, comme peut l'être le concept de "mort" par exemple. Nous seuls avons le pouvoir d'en faire un détail insignifiant de notre subconscient.
Je suis gros !
Allez belle soirée à tous ! En ce qui me concerne, elle sera bonne puisque c'est ma journée de "craquage" hebdomadaire, j'ai mangé une bonne pizza ce midi, et je vais au restaurant ce soir. Je ne compte pas les calories, j'ai fait 7h de sport et mangé sainement ces 7 derniers jours. Je n'ai pas le sentiment de gâcher quoi que ce soit, puisqu'en temps normal je mange n'importe quoi, dans la sédentarité la plus totale, et ce tous les jours.
Le plan est en place, et pour l'instant tout se déroule comme prévu.
Allez, suivez-moi !
P. Akalias